Qui a raison ?

Parfois, quand mon chat me réveille au milieu de la nuit, je me lève et, au lieu de combattre l’insomnie, je couche sur le papier ce que je rumine depuis quelques temps. Et ça donne ça. En tournant autour de la question de la vérité, des algorithmes, des oppositions de toute sorte, de notre besoin d’être rassuré. Et du fameux « biais de confirmation » qui nous concerne toutes et tous.

biais de confirmation

« Je le savais… »

Nous sommes tous persuadés d’avoir raison. Pas forcément « toujours raison » (ça dépend des personnes…) mais en tout cas, souvent. Et heureusement. Que ferions-nous sans un socle minimal de certitudes ? Nos croyances, qui sont aussi nos vérités, sont autant de pierres qui constituent nos murs porteurs. Vous saisissez l’image ? Si l’on retire l’une de ces pierres, c’est carrément dangereux. Il faut pouvoir immédiatement la remplacer par une autre. Ou étayer, en attendant.

La période que nous traversons, en bousculant nos repères, nos perspectives, nous amène à chercher à renforcer encore plus notre socle, nos fondations, parce que, attention, ça tangue. La complexité de la situation est perturbante et encombre nos neurones déjà bien sollicités par la charge du quotidien (et de sa réorganisation).

Alors, forcément, notre cerveau opère quelques manœuvres pour nous préserver (une manœuvre imperceptible, car dans une boite crânienne il n’y a pas beaucoup de place pour manœuvrer). Face au bombardement d’informations, qui ne sont parfois que des opinions, des points de vue, nous ne retenons que ce qui confirme nos convictions, nos présomptions, nos ressentis. C’est un filtre cognitif bien connu appelé « biais de confirmation ».

Serait-il donc impossible « d’ouvrir nos chakras » à d’autres visions du monde que la nôtre ?

Sommes-nous aptes à trouver « la » vérité ?

L’idée, évidemment, serait, sur un sujet donné, d’aller chercher tout ce qui existe comme information sur celui-ci. Ok… Comme information disponible, là, maintenant. Et c’est là qu’Internet est un outil génial, n’est-ce pas, tout à portée de clic (ou de glissement de doigt) pour pouvoir rassembler « toutes » les informations, mettre tout à plat, recouper les faits, vérifier les sources… Tiens, cela ressemble furieusement au travail de journaliste… Donc, là, c’est cool, Internet va sûrement nous permettre à tous de faire ce (gros) travail…

Euh, en fait non. Puisque chaque recherche sur Google oriente les résultats de la prochaine recherche que nous ferons. Qui correspondra à ce qui nous intéresse déjà, à ce que nous connaissons déjà. Heureusement, il y a : les réseaux sociaux. Ou l’info circule « librement »… Enfin, en tout cas, on peut avoir confiance, ce sont nos « amis » qui nous envoient l’info. Il y a même des articles qui apparaissent et nous permettent de découvrir d’autres choses…

Euh, en fait non, là encore, les algorithmes font un super boulot de sélection, parfois même assez subtil (j’ai testé, avec mes photos de chat, j’ai vu apparaître, en plus de publicité pour des croquettes, des tas d’articles sur des animaux mignons ou attachants, j’aurais pu cliquer pour apprendre des choses fantastiques sur la reproduction des orques en Antarctique…)

Chat

Et puis, parfois, nos « amis » partagent des contenus avec lesquels nous ne sommes pas d’accord. Le plus souvent, nous avons « sélectionné » naturellement nos amis pour avoir dans notre entourage, proche ou virtuel, des personnes avec lesquelles nous estimons le dialogue possible sur des bases communes.

Mais sur des sujets qui bousculent, où l’on touche à la définition d’une vérité, les ressorts sont tellement intimes, que tout d’un coup, ça clashe. Et derrière l’écran, les petits doigts rageurs se battent, vérité contre vérité. Et les accusations pleuvent. Forcément, c’est l’autre qui n’a « rien compris ».

Mais depuis quand peut-on avoir suffisamment de distance, dans l’instant, comment peut-on s’extraire de la complexité et « comprendre », aujourd’hui, les ressorts d’un méli-mélo médico-scientifico-politico-philosophique… (et j’oublie encore plein d’autres dimensions du problème) ?

Point méthodo

Quelle est la trousse de secours face à ces embrouillaminis qui n’ont rien de minime ?

Quelques points de méthode :

  1. Multiplier les sources (par exemple, médias alternatifs ET médias mainstream)
  2. Regarder à chaque fois qui parle, au nom de quoi, au nom de qui,
  3. Chercher à aller au-delà de ce qui renforce ou conforte nos ressentis…
  4. … tout en restant à l’écoute de nos émotions, car elles ont quelque chose à nous dire (la colère, par exemple, nous dit qu’une limite a été franchie ; c’est tout, et c’est déjà beaucoup).

Et « en même temps », comme dirait l’autre (petit aparté : saviez-vous que M. Macron a piqué ce tic de langage aux coachs dans l’art de faire un feed-back, c’est-à dire faire passer en douceur un contrepoint, une critique ?)

Et en même temps… si s’ouvrir à la différence est salutaire, avoir des amis qui pensent comme nous l’est autant, car nous avons besoin de ce cocon, de ce confort, qui repose et nous permet de nous ressourcer. Avant de repartir dans le grand combat de la vie…

Je voulais faire une ode à la différence, voici que je conclus sur une ode à l’amitié. 

Les deux sont importantes ! Et compatibles. Donc bonne navigation à tous dans ces océans d’incertitudes et d’opinions contraires. Vous avez le droit de ne pas être d’accord avec moi 😉 

Alexandra Fresse-Eliazord

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