Le théâtre et l’enfant qui est en nous

Septembre s’achève, l’occasion de faire le point sur la rentrée, sur ses nouveautés, sur les leçons à en tirer.


On m’a proposé, cette année, d’animer un atelier de théâtre d’impro avec des enfants de 6 à 8 ans. J’ai dit « oui » avant de savoir que j’aurai la charge de 18 enfants, ce qui est… beaucoup !

Sortir du cadre

Quand il s’agit de faire du théâtre avec des adultes, et plus encore d’utiliser l’improvisation au service du jeu théâtral ou de la cohésion d’une équipe, j’ai tendance à faire travailler sur le lâcher prise. L’idée : retrouver une âme d’enfant, cet « enfant libre et spontané » qui est une de nos composantes si l’on suit le canevas que propose l’analyse transactionnelle.

En effet, nous avons tendance en grandissant à nous glisser dans des carcans, dont il est parfois difficile de nous libérer. Même lorsqu’on lui donne l’occasion de s’exprimer, l’adulte « adapté » a très vite tendance à vouloir dire « ce que l’on doit dire », bref, à vouloir à tout pris rentrer dans des cases qui rassurent tout le monde, le locuteur comme le destinataire du message.

Sauf que, en impro, comme en matière de créativité, il est recommandé de « sortir du cadre », pour étonner et… s’étonner aussi, parfois.


Les enfants, de petits adultes

Je m’attendais, avec des enfants, à être submergée par leurs imaginaires foisonnants, à ne devoir que canaliser ceux-ci pour « produire » quelque chose (une histoire qui tienne un peu debout). Et en fait de canaliser, c’est leur énergie débordante avec laquelle je dois composer. Et pas qu’au service du jeu…

Dans un atelier, le respect de la consigne est le point de départ, et les enfants de cet âge ont le don de la détourner pour en faire ce que bon leur semble, sauter, crier, chahuter…

Et même une fois calmés, j’ai été surprise de voir qu’ils ne se faisaient pas confiance pour inventer quelque chose, avec leur voix, leur corps, leurs mots. Je m’attendais à trouver naturellement de « petits maîtres en impro »… et je me retrouve avec des enfants ayant peur du regard de l’autre, n’osant pas créer, pensant même ne pas en être capables…

Il y a bien sûr de très beaux moments, des fulgurances… mais aussi un très gros travail à faire pour les mettre à l’aise et leur donner les clés d’eux-même. Car ils ont en eux la ressource. Il me faudra juste trouver le curseur entre le « rappel de la règle » et les encouragements à exprimer ce qu’ils ont déjà tendance à enfouir…

Les adultes, de grands enfants

A partir du 5 octobre, j’ouvre également un atelier d’impro « adultes ». Et là, je sais que ce sera différent. Certains auront besoin également de travailler sur la confiance, en eux, dans les autres (même si l’on pose dès le départ une règle de bienveillance – envers les autres ET envers soi-même).

Mais les adultes qui viennent sont plus au fait de ce qui les attend, et, s’il se sont inscrits, c’est qu’ils se sont engagés dans une démarche. Vers eux-mêmes.

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