L’art de la confrontation

Accompagner des personnes en transition ou qui montent un projet, cela ne passe pas uniquement par un coaching de type « sportif » qui motive et rebooste (« allez, vas-y, t’es le/la meilleur.e ! »). Quand il y a des obstacles à surmonter, et qui sont parfois à l’intérieur de soi-même, une approche plus confrontante peut être de mise.

La bienveillance comme point de départ

Bienveillance… Le mot est devenu un incontournable dans les relations professionnelles (idéales). Être bienveillant avec les autres, mais aussi avec soi-même, cela est certes indispensable pour libérer à la fois la parole et la créativité.

Lorsque je forme un groupe au pitch (prise de parole courte et impactante, familière de l’univers des start-up) je pose la bienveillance dans le cadre, sans laquelle personne n’oserait se plier à l’exercice devant ses camarades d’un jour.

Et pourtant, la bienveillance ne suffit pas. Si, moi, accompagnante, je ne suis que bienveillante, je n’utilise qu’un type de moteur. La bienveillance consiste souvent à « brosser l’autre dans le sens du poil », à ne pas le brusquer pour ne pas le blesser. Et j’ai longtemps adopté ce mode d’accompagnement par « l’encouragement ». Encourager pour faire avancer, renvoyer à l’autre la meilleure image de lui-même pour qu’il gagne en confiance. Avec des feed-backs les plus positifs possibles, en formulant les « axes d’amélioration » de la manière la moins confrontante possible…

La confrontation n’est pas le conflit

Nous sommes le fruit de notre histoire. Dans la mienne, la « peur du conflit » s’est installée de manière stratégique, pour éviter ces blessures, si courantes, du rejet et de l’abandon (je vous conseille, si vous avez envie d’explorer de votre côté l’identité de vos blessures, le livre à succès de Lise Bourbeau, Les cinq blessures qui empêchent d’être soi-même). Et dans « conflit », je mettais tout ce qui ressemble à des oppositions frontales, et donc également ce que l’on appelle la confrontation.


La confrontation, loin de mener à la rupture, permet des prises de conscience qui peuvent être salutaires. L’effet miroir nous met face à nos contradiction et nous pousse à plus de cohérence.

Confronter, c’est une des manières de bousculer les croyances qui nous limitent et donc, d’avancer ! Il y a différentes façons de confronter. Parfois, il suffit juste de mettre le doigt sur des incohérences : « vous me dites que c’est toujours le cas, êtes-vous sûr ? » On peut aussi utiliser « l’approche paradoxale », chère aux systémiciens : par exemple, lister les « 14 merveilleuses façons de réussir à échouer dans votre projet » (en précisant, bien sûr, ce dont il s’agit).

Concilier confrontation et bienveillance ?

Avec cette approche, nouvelle pour moi, que j’ai découverte pendant ma formation au coaching, au fil de mes lectures et de mon chemin, j’ai mis un peu de poil à gratter dans le maternage des personnes que je coachais. Je suis devenue confrontante sans même m’en rendre compte. C’est le retour d’une de mes coachées qui m’a fait prendre conscience que j’avais été à la fois « bousculante et aidante », simplement en reformulant ses propos.

Avez-vous vu le film d’animation Vice-Versa ? Les émotions de la petite Riley, 11 ans, y sont personnifiées. Joie a le plus souvent le contrôle. Mais dans un moment critique, il faut sortir Riley de son sommeil. Et Joie, avec tous ses bons sentiments n’y parvient pas toute seule. Si Riley sort de son sommeil, c’est parce que surgit une image qui lui fait peur !

Je ne veux pas vous effrayer. Toutes les émotions ont leur place dans un accompagnement. Une expression revient souvent dans les cheminements qui mènent vers l’épanouissement et l’utilisation pleine de ses capacités : à un moment, il faut accepter de « sortir de sa zone de confort ». Bouger, et faire évoluer ses mécanismes, ses habitudes, ses pesanteurs. Bien accompagné.e, vous verrez, ce n’est pas si douloureux… Cela peut même être joyeux.

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